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2 septembre 2018

Environnement sous vichy et l'Heure d'ete 1942

 

Defilé à Paris des Chantiers de la Jeunesse Française

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Le régime de Vichy a-t-il mené une politique environnementale, au risque d’employer un terme anachronique ?

Plusieurs éléments incitent à le penser, de l’exaltation du retour à la terre à la célébration de la nature. L’objectif, au vrai, était double, l’État français cherchant tant à se légitimer qu’à fournir, à une époque marquée par les pénuries, des produits agricoles qui faisaient tant défaut. Faut-il pour autant considérer que cette politique ne constitue qu’une parenthèse dans l’histoire nationale ? A-t-elle, surtout, offert les résultats que les dirigeants pétainistes escomptaient  ?

L’Heure d'été fut reprise par l'idéologie de la collaboration en 1976 Cette mesure fut prise en 1942 pour harmoniser les transports et les marchandises dans la zone libre

Elle n’aura jamais parmis la moindre économie d'énergie en 1940 et 1942 pour la zone occupée et libre par la suite

JORF du 22 décembre 1940 page 6214

Loi du 18 décembre 1940 RELATIVE A LA RÉDUCTION DE LA CONSOMMATION DE L'ÉLECTRICITÉ

JORF du 22 février 1942 page 774

Arrêté du 11 février 1942 PRIS EN APPLICATION DE L'ART. 1 (2E)DE LA LOI DU 18 décembre 1940 SUR LA RÉDUCTION DE LA CONSOMMATION D'ÉLECTRICITÉ

 

Le régime de Vichy a présenté une série de mesures visant à transformer l’environnement français, qui répondait à sa vision idéologique et aux besoins matériels de la période. La diversité de ces mesures reflétait la division en son sein entre technocrates et traditionalistes. Cependant, les réquisitions allemandes, les destructions causées par la guerre et le manque de main-d’œuvre participèrent à l’échec global de ces politiques environnementales.Malgré cela, il est important de mieux comprendre ces politiques pour plusieurs raisons. L’intensification de la planification étatique et les projets technocratiques issus de la période de Vichy, tout d’abord, se prolongèrent dans les politiques environnementales menées par les gouvernements d’après-guerre ; les années noires marquent ainsi une sorte de tournant dans l’histoire environnementale française. L’étude de ces politiques montre, ensuite, que l’histoire de l’environnement offre de nouvelles perspectives sur des périodes historiques déjà amplement explorées par les chercheurs. Enfin, si les politiques environnementales de Vichy n’ont rien d’exceptionnelles, elles font écho à d’autres évolutions similaires dans l’histoire de France et s’inscrivent dans le contexte plus large de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Ce dernier aspect offre sans doute les perspectives de recherche les plus prometteuses.



En novembre 1940, forestiers et personnalités politiques se réunissaient en forêt de Tronçais, afin de baptiser un chêne en l’honneur du maréchal Pétain et de marquer ainsi l’appropriation idéologique de la forêt par le régime vichyste. Le chef de l’État dévoila une plaque où l’on pouvait lire « Chêne Maréchal Pétain », puis marqua l’arbre de trois encoches à l’aide d’un marteau des Eaux et Forêts

Cette cérémonie revêtait une dimension à la fois idéologique et pratique. Sur le plan idéologique, il s’agissait d’associer le régime de Vichy en général et son chef en particulier à la forêt, symbole d’enracinement, d’authenticité et de tradition, depuis longtemps au cœur du discours conservateur, antisémite et nationaliste Sur le plan pratique, il fallait montrer comment la forêt pouvait venir en aide à la France dans cette période difficile, en fournissant du bois de chauffage et de construction, ainsi que des produits de substitution comme le gazogène. Dans son discours, le ministre de l’Agriculture, Pierre Caziot, souligna le rôle joué par la forêt comme espace productif d’une « importance exceptionnelle pour la reconstitution matérielle du pay Cette cérémonie témoigne de la manière dont le gouvernement de Vichy (1940-1944) chercha à exploiter idéologiquement et économiquement l’environnement français, Le régime développa un ensemble de politiques environnementales, même s’il n’utilisait pas ce terme pour les décrire, puisque le mot « environnement » lui-même aurait été employé pour la première fois en France en 1942 et que les représentants et les partisans de Vichy parlaient plus volontiers de la « terre », du « sol », de la « forêt », des « champs » et de la « montagne »dimension rarement prise en compte par les historiens de la période Nous avons tenté de mettre au jour l’histoire environnementale au cours des années noires, afin de montrer sous quels aspects la nature fut mise à contribution entre 1940 et 1944

Le régime de Vichy développa une approche contradictoire de l’environnement. S’efforçant de plier la France à sa vision réactionnaire et sectaire du monde, il s’appropria la forêt, la montagne, ainsi que les champs, afin de tirer une légitimité de la terre et de remodeler les esprits et les corps français, en particulier ceux des jeunes gens. Dans le même temps, il se lança dans une guerre contre les « terres en friche » et essaya de cultiver l’environnement français dans son ensemble en encourageant l’agriculture, l’assèchement des marais, la reforestation, et ce afin de lutter contre les pénuries qui affectaient alors le pays. Ces politiques échouèrent pour diverses raisons, notamment parce qu’elles se heurtèrent à l’appropriation de l’environnement par la Résistance. Dans un but de concision, nous nous concentrerons sur la récupération idéologique et pratique de la forêt.

Par ailleurs, et dans le sillage des recherches ayant souligné que Vichy n’avait pas été une parenthèse dans l’histoire de France, nous montrerons que les politiques environnementales du régime s’inscrivent dans une continuité 

De plus, ces politiques ne constituent nullement une exception ; d’autres pouvoirs, autoritaires ou démocratiques, menèrent des politiques environnementales similaires au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les politiques de l’État français s’inscrivent ainsi dans des processus historiques bien plus amples.

S’approprier la nature

 

Dans la lignée de la « Révolution nationale », le projet de « retour à la terre » devait conduire à un renouveau individuel et national ; la proximité avec la terre étant censée produire des esprits et des corps plus sains, loin des vices de la ville. La rhétorique du retour à la terre s’adressait en grande partie au monde paysan. Cet aspect ayant déjà été largement exploré par les historiens, nous nous concentrerons ici sur les espaces non agricoles Comme le suggère la cérémonie de Tronçais, le régime de Vichy avait décidé d’inclure la forêt dans son programme de « retour à la terre », en la présentant comme un terrain stable sur lequel construire la régénération morale du pays Le ministre de l’Instruction publique, Jacques Chevalier déclarait : « La vie dans la forêt est la plus saine qui soit, pour le corps et pour l’âme, et elle nous affranchit des artifices dont la vie en société a fait pour nous une nature qui a supplanté la nature ». La France « éternelle », selon lui, résidait dans la forêt qui, « vivant symbole de la tradition, perpétue l’histoire ; la veille France, s’y est conservée mieux que partout ailleurs » Saisissant l’occasion d’unir leurs intérêts à ceux du régime, les forestiers participèrent activement au « retour à la terre ». Dès après la défaite, J. Jagerschmidt, le secrétaire général du Comité des forêts, déclara que ces dernières étaient le « refuge des vieux principes » : travail, famille, patrie  À l’instar du paysan, le bûcheron fut présenté comme un patriote œuvrant à la régénération de la France. Roger Blais et Gérard Luzu, deux représentants officiels des forestiers, publièrent un guide de la « rude école » de la forêt, qui présentait les métiers de la sylviculture comme le retour le plus « radical » à la terre  Il ne s’agissait pas seulement de contempler passivement la nature ; celle-ci devait constituer le principal antidote à la vie urbaine. Les dirigeants des Chantiers de la Jeunesse voyaient dans la forêt un lieu sûr et sain, éloigné de l’immoralité et de la décadence supposées de la société moderne Selon certains forestiers officiels, la forêt était pour les recrues des Chantiers une source d’enseignements parfaitement en accord avec les objectifs de la « Révolution nationale ». Le conservateur des Forêts Pasquaud déclarait à ce propos : « Cette solidarité de tous les végétaux n’est-elle pas l’image de la meilleure des sociétés où le chef doit dominer en se sentant lui-même entouré, étayé, aidé dans sa prééminence Néanmoins, et en dépit de cette rhétorique ronflante, nombreux furent les membres des Chantiers de la Jeunesse qui trouvaient le travail en forêt pénible et ennuyeux Le régime de Vichy intégra également la montagne dans son discours sur le retour à la terre. Lors d’une projection du film Premier de cordée en février 1944, Jep Pascot, le commissaire général aux Sports, déclara que même si le gouvernement « ne désire pas faire de tous les jeunes Français des alpinistes ni des guides de montagne […] il veut qu’ils acquièrent tous l’amour de l’effort désintéressé [et] qu’ils pratiquent l’esprit d’équipe  La montagne et l’alpinisme devaient transmettre certaines valeurs aux Français et des organisations comme le Club alpin français ou Jeunesse et Montagne n’étaient que trop heureuses d’offrir leurs services Les idéologues de Vichy, soutenus par les organisations forestières et alpines, inclurent les forêts et les montagnes dans leurs efforts pour reconstruire la société. Mais le régime chercha parallèlement à reconstituer physiquement l’environnement français au moyen de sa lutte contre les terres en friche. Cette incitation à la mise en culture des terres était soutenue aussi bien par son idéologie de retour à la terre que par les graves pénuries qui affectaient le pays suite à la signature de l’armistice et au blocus naval britannique.

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Toute terre jugée improductive tomba ainsi sous le coup de la critique. Un fascicule du ministère de l’Agriculture mena l’assaut, déclarant sans ambages : « Il n’est pas permis de laisser inculte la moindre parcelle de son sol

 

Pétain lui-même affirma que toute nouvelle zone cultivée deviendrait « une nouvelle source de richesse pour notre pays dépourvu actuellement, du fait de la défaite, de ses ressources habituelles  D’autres allaient encore plus loin : la défaite permettait non seulement de rendre encore plus productives les terres cultivées, mais aussi d’exploiter des terres qui ne l’avaient jamais été  Vichy adopta donc plusieurs mesures pour mener à bien ce programme. La loi du 27 août 1940 prescrivait de recenser les terres abandonnées depuis plus de deux ans et autorisait les individus et les familles à investir les terrains vagues  Cette loi répondait au soutien que Caziot avait apporté de longue date aux exploitations agricoles familiales de petite taille. Mais d’autres visions de l’agriculture commencèrent à voir le jour. L’influence de certains corporatistes de l’entre-deux-guerres, tels Jacques Le Roy Ladurie et Louis Salleron, se concrétisa par la création de la Charte paysanne et de la Corporation paysanne le 2 décembre 1940. Ces mesures visaient à mettre en œuvre et à superviser l’autorégulation agricole au sein d’un marché contrôlé Les projets technocratiques à grande échelle constituent un autre aspect de la lutte de Vichy contre les « friches ». Le régime détermina les zones marécageuses aptes à la culture, annonçant par exemple le drainage et la mise en culture du marais de Saintonge (Charente-Maritime) Des projets du même type furent mis en œuvre dans les Bouches-du-Rhône, pour cultiver la plaine rocailleuse de la Crau et assécher partiellement l’étang de Vaccarès en Camargue, afin d’y installer, entre autres cultures, des rizières. La Compagnie nationale du Rhône (CNR) devait se charger des travaux, tandis que les habitants se partageaient entre soutien et opposition Ces projets inscrits dans la volonté de moderniser et de rationaliser l’environnement français, cadraient mal avec les aspects plus rétrogrades de la rhétorique du retour à la terre. On peut dresser un parallèle avec le projet du régime visant à refaçonner le paysage urbain sous les auspices de sa Délégation générale de l’équipement national (DGEN), qui mêlait visions rétrogrades et techniques de planification modernes 

Parallèlement à ces efforts d’exploitation maximale des ressources, le gouvernement de Vichy lança un programme de reforestation qui, une fois encore, ne faisait que prolonger et intensifier des tentatives antérieures pour augmenter la surface forestière française  Mais des facteurs idéologiques et pratiques donnèrent un coup d’accélérateur à la reforestation durant les années noires. Celle-ci présentait plus d’un avantage. En certains endroits, c’était la seule manière de rendre la terre productive ; à une époque de forte demande pour le bois de construction et de chauffage, cette politique permettait de reconstituer les stocks insuffisants. Le gouvernement créa un Comité central du reboisement en mai 1941 et la même année l’administration des Eaux et Forêts lança un programme de « grands travaux » pour un montant évalué à trois cent cinquante millions de francs. Plusieurs milliers d’hectares de terres non cultivées dans la Montagne noire en Haut-Languedoc furent ainsi mis en valeur par le biais de plantations En outre, la loi du 21 janvier 1942 éleva le reboisement au rang de « travaux d’intérêt général » et le rendit obligatoire dans des zones délimitées par décret ministériel De même qu’ils avaient été enrôlés pour cultiver les champs du territoire français, les membres des Chantiers de la Jeunesse furent chargés par le gouvernement de planter les nouvelles forêts françaises. Comme Pétain l’annonça en personne aux jeunes recrues : « Il faut repeupler, il faut reconstruire

 

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